Soixante ans après l’assassinat de six millions de Juifs par les nazis, le mémorial de la Shoah, Yad Vashem, lance une nouvelle campagne de sensibilisation. Il table sur l’éducation des jeunes Arabes israéliens et souhaite réviser les programmes scolaires en cours.
Le mémorial offrira des séminaires aux enseignants arabes dans l’espoir de marquer la distinction entre l’horreur de la Shoah et la politique du Moyen-Orient. Pour de nombreux Palestiniens et Arabes israéliens, la Shoah et la création de l’Etat hébreu sont intrinsèquement liés.
Selon une étude menée en 2009, environ 30 % des Arabes israéliens ne croient pas que la Shoah a réellement existé. Les Juifs israéliens, qui fréquentent des écoles séparées, étudient ce chapitre d’histoire dès leur enfance. En revanche, les élèves arabes n’abordent le sujet que lors d’un cours d’histoire obligatoire, nécessaire aux examens universitaires.
Le programme de sensibilisation de Yad Vashem a débuté en 2008, avec la mise en ligne d’une version arabe de son site Internet. Le nombre de visiteurs reste cependant très faible.
Les organisateurs reconnaissent que le défi sera difficile à relever.
« Nous avons réussit à ouvrir une fenêtre, pas une porte, a déclaré Dorit Novak, éducateur en chef à Yad Vashem. Nous devons ouvrir la porte et entamer ce dialogue ».
Le négationnisme est devenu un phénomène fréquent au Moyen-Orient depuis quelques années. Certains régimes, comme celui des Mollahs en Iran ou encore la Syrie assurent franchement sa promotion. En 2006, la République islamique organise ainsi officiellement une conférence internationale sur le négationnisme.
Cent cinquante enseignants se sont portés volontaires pour participer au nouveau projet de Yad Vashem. Ils ont déjà suivi une vingtaine d’heures de cours durant lesquels ils ont pu entendre des témoignages des survivants du génocide et apprendre comment il a débuté en Allemagne.
Les pays occidentaux ont conscience de ce phénomène dangereux mais agissent peu. En France des personnalités se sont donc mobilisées. Des intellectuels, historiens, enseignants ou encore écrivains ont voulu réagir face à cette situation.
Le projet Aladin, lancé en 2009 à l’initiative de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, est un programme éducatif et culturel créé sous le patronage de l’UNESCO, de Jacques Chirac et de Simone Veil. Il vise ainsi à traduire en Arabe, Farsi et Turc des ouvrages sur le génocide des Juifs.
Des conférences, lectures, projections de films ont donc été organisées dans plusieurs villes du monde musulman pour une prise de conscience globale de l’extermination des Juifs et du négationnisme.
Tous ces projets ont pour objet de faire comprendre aux Musulmans l’aspect unique de la Shoah afin que la comparaison avec le conflit israélo-palestinien prenne fin.
« Je leur demande toujours s’ils parviennent à voir les différences, explique Dorit Novak. Nous devons sensibiliser les gens. »
Yad Vashem tente également de faire prendre conscience aux Musulmans qu’ils ont pu aussi jouer un rôle positif au cours de la seconde guerre mondiale. En 2009 le mémorial avait ainsi ouvert une exposition sur des Albanais musulmans qui ont sauvé des milliers de Juifs entre 1939 et 1945.
Bien que les résultats soient mitigés, ces initiatives commencent à porter leurs fruits. Depuis quelques années, des dirigeants israélo-arabes et des personnalités religieuses du monde musulman ont visité des camps nazis pour en apprendre davantage sur cette période sombre de l’histoire et tenter d’améliorer leurs relations avec les Juifs.
Sources : Jerusalem Post version française – Lundi 13 décembre 2010, Emilie Sanchez, Guysen.com – Mardi 14 décembre 2010
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